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L’ÎLE DE KARAFUTO (SAGHALIEN)

lement une île : le fait était reconnu par tous indubitablement. De sérieux motifs pourtant avaient ainsi retardé la reconnaissance de ce lieu : c’étaient d’abord les brouillards et les tempêtes presque continuels des mers orientales ; ensuite, à l’endroit le plus resserré du passage, c’est-à-dire entre les caps Lazarec et Pogobi le détroit est peu profond et bordé de bancs de sable, sur lesquels plusieurs navires avaient déjà échoué. On comprend dès lors que la crainte de trouver le même sort ait retenu longtemps les explorateurs.

L’occupation de l’île entière par les Russes a été stipulée officiellement en 1875. Mais les premières relations de la Russie avec Saghalien remontent à 1852. À cette époque, elle y arbore son drapeau et l’y défend durant la guerre de Crimée. Cependant, l’île était alors possession chinoise. Par une convention passée avec le Japon en 1856, l’île est divisée en deux et partagée entre les parties contractantes, au détriment des Chinois. En 1875, nouvel arrangement. Cette fois, c’est le Japon qui est dupé : il cède à la Russie la partie méridionale et reçoit en échange les Kouréles, qui ne produisent presque rien.

Possession russe, Saghalien devint une colonie pénitentiaire. Depuis lors, deux fois par an, on vit arriver à Saghalien le sinistre bateau Yaroslav transportant chaque fois d’Odessa, des centaines de forçats.

L’île fut organisée militairement. On la répartit en trois districts, appelés Alexandrovsk, Timovsk et Korsakovsk. Alexandrovsk et Korsakovsk sont aussi les noms de deux villes : Alexandrovsk est un port dans le détroit de Tartarie, au delà du 50e de latitude, et Korsakovsk, aujourd’hui Odomari, un autre port au sud de l’île, dans