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PROPOS JAPONAIS

avant tout au Christ ceux que leur position sociale portait à la considération de tous ou qui détenaient l’autorité même du pays ; et, entre les divers pays, ils entrèrent d’abord chez ceux qui dominaient les autres par la force de leur puissance ou l’éclat de leur civilisation.

Serait-il maintenant téméraire d’affirmer que cette tactique devrait trouver, encore à l’époque actuelle en Extrême-Orient, son intégrale application. Il s’agit, en effet, de choisir non seulement entre les diverses classes d’un même peuple, mais encore entre différents peuples, pour savoir vers lequel d’entre eux il importe le plus de porter le flambeau de la foi ? Or ce n’est plus un doute pour personne : le Japon, à l’heure actuelle, jouit en Orient d’une puissance prépondérante. Soit au point de vue politique, soit au point de vue militaire, soit au point de vue économique, soit au point de vue intellectuel, il s’impose à l’attention.

Au point de vue politique, il a réalisé depuis la restauration de 1868, grâce à l’initiative intelligente et vigoureuse de l’empereur Meiji, une unité merveilleuse, qui a concentré toutes les forces de la nation et a dirigé l’activité commune dans la voie du progrès matériel et de la prospérité économique. Jusque-là, le pouvoir n’avait pas cessé d’être en butte aux plus déplorables vicissitudes. L’empereur n’avait exercé de véritable autorité que du vie au viie siècle, c’est-à-dire, au seul