Page:Cloutier - Propos japonais.pdf/239

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
212
PROPOS JAPONAIS

et licencieuse des mondains ? Ils déclarent bien haut que la morale chrétienne est une corruptrice de la société. Enfin, sont-ils dupés par certains mécréants ? Ils se persuadent que la civilisation étrangère ne fait que des gens sans honneur, sans loyauté et sans scrupule.

Ajoutons à cela l’inconduite de certains étrangers venus au Japon. Parmi ceux-ci, il y a les débauchés, les incrédules et les pasteurs protestants.

En ce pays où l’immoralité est presque légale, les débauchés ont beau jeu. Aussi, n’est-il pas étonnant que les gens dépravés de l’étranger viennent chercher ici des divertissements, qu’ils ne peuvent toujours trouver chez eux, aussi à leur aise. Or le Japonais ne pardonne pas à l’étranger ce qu’il se permet à lui-même. De là, pour lui, un grand scandale qui devient un nouvel aliment à son aversion et à son mépris.

La perfidie de certains écrivains incrédules cause encore un tort immense à l’esprit japonais. Le Japon, maintenant, nul ne le peut nier, s’est acquis une renommée mondiale de puissance et de prospérité. Or, émus par le prestige de ce grand renom, certains écrivains incrédules, pour autoriser leurs attaques contre l’Église catholique, se déclarent pleins d’admiration pour la condition sociale de ce pays, ne tarissent pas d’éloges sur les mœurs si douces et si paisibles de ce peuple et n’hésitent pas à le citer en exemple, comme le type idéal de la vraie civilisation.

Il va sans dire que les Japonais ne tardent pas à se ranger à cette opinion. Forts de ces autorités, qu’ils croient non prévenues parce qu’elles sont du dehors, ils distribuent d’abord magnifiquement à leurs adulateurs des louanges, des décorations, des grades universitaires