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C’est étrange ! on voit très souvent parmi les Japonais des personnes ainsi affectées, lorsqu’elles voyagent en chemin de fer.

Enfin, tout juste en face de moi, trois geisha ou filles publiques. Chevelures énormes, très savamment peignées, lissées et auréolées de poignards, d’épingles, de kôgai (ornements en écaille) ; joues fardées à l’excès, lèvres peintes en rouge, cou, gorge, épaules couverts d’un enduit blanc qui descend sur le dos, comme une collerette à cinq pointes. Elles causent et rient pour n’importe quoi ; elles fument aussi la cigarette avec autant de dextérité que les fumeurs les plus accomplis.

Sur les trains japonais, il n’y a pas de compartiment spécial pour les fumeurs, pour la bonne raison que tout le monde est censé pouvoir fumer, les femmes aussi bien que les hommes.

Mais voici une grande gare. À peine le train est-il arrêté qu’il est assailli par une nuée de petits vendeurs, criant de tous côtés : « Eh ! o sushi ben tô ! Ah ! gyûnyû ; ah ! shimbun ! Ah ! ringo ! cider ! Eh ! manju ! Eh ! o cha ! etc., etc. » Tous ces petits vendeurs portent, chacun, une grande boîte, dans laquelle ils exposent leur marchandise, en faisant leur réclame. Ces articles sont, entre autres, des goûters pour collation, du lait, des journaux, des pommes, du cidre, des maujû (petit gâteau renfermant de la purée de pois sucrée), du thé, etc., etc. On vend ainsi à certaines grandes gares, mais jamais sur le train même.

Inutile d’ajouter que les passagers achètent. Ils ne sont pas rares même ceux qui, montant sur le train à ces mêmes gares, n’ont pas pris le temps de