Page:Cloutier - Propos japonais.pdf/25

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manger chez eux avant de partir. On achète donc, on mange beaucoup, puis on se couche et on dort. Les Japonais, en général, — si l’on excepte ceux qui lisent des romans, — ne font sur le train que deux choses : manger et dormir. De là, la malpropreté du parquet dans le compartiment. On y jette tous ses déchets. Dès lors, si l’on a à marcher dans l’allée, c’est à peine si l’on peut trouver son chemin au milieu des pelures de pommes ou d’oranges, des flaques de thé répandu, des boîtes vides, des bouts de cigarettes ou de bouteilles renversées. Heureusement que, de temps en temps, durant le trajet, un jeune employé vient balayer soigneusement, laver le parquet et ranger avec ordre tout ce qui se trouve dans un état tant soit peu négligé.

Cet employé, vêtu à l’européenne, comme tous les employés du chemin de fer, porte au bras un brassard rouge, sur lequel sont écrits, en japonais et en anglais, les mots kyùji, boy. Comme l’indique son nom, ce jeune homme est chargé de rendre aux passagers tous les services de propreté et d’assistance dont ils peuvent avoir besoin.

Il est un autre employé, qui porte un brassard semblable, et sur lequel on peut lire les mots passengers guard. Il est, par son rang et son autorité, au-dessus des boy, qui n’ont la charge que d’un ou de deux wagons seulement. Lui, semble être le seul de ce rang sur le train. Lui aussi est un jeune homme, quoiqu’il soit un peu plus âgé que les boy.

D’ailleurs, sur les chemins de fer japonais, je ne sais pour quelle raison, à part le mécanicien en chef, tous les employés sont relativement jeunes ; et ce n’est pas sans quelque défiance que l’étranger, peu habitué au Japon, s’en remettre à ces imberbes.