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les églises catholiques du Japon et se rendit à Formose où il s’éteignit, pieusement, au courant de l’été 1920.

La fermeté des néophytes n’est pas moins consolante. Très souvent, ils font preuve d’une énergie édifiante, soit pour garder leur foi, soit pour pratiquer leurs devoirs.

En relevant ceci, je pense à ce jeune homme qui s’est récemment converti malgré ses parents, fanatiques bouddhistes. À leur insu, il commença d’abord à étudier le catéchisme à Hakodate ; puis, pour ne pas éveiller leurs soupçons, il leur demanda la permission d’aller passer quelque temps à Muroran, disant qu’il voulait y gagner quelque argent. Le véritable motif était sa préparation immédiate au baptême, qu’il reçut en effet avec beaucoup de foi. Alors, dans une lettre écrite de Muroran, il déclara tout à ses parents, et cela, sans ambages. Dans un langage modéré, mais franc et net, qui ne redoute rien, il leur annonçait ce qu’il appelait la plus heureuse des nouvelles, à savoir que, voulant pourvoir au salut de son âme, il avait embrassé la christianisme, la seule véritable religion, à côté de laquelle toutes les autres ne sont qu’erreur ou contrefaçon. À cette nouvelle, terrible explosion de colère dans la famille ; la grand’mère surtout jura par tous ses dieux qu’elle tuerait son petit-fils, s’il osait désormais mettre les pieds dans la maison, et voulut qu’on lui signifiât sur-le-champ sa malédiction. Mais le jeune homme n’a pas fléchi, il a généreusement sacrifié les espoirs certains d’un bel avenir, pour rester fidèle à sa foi. Étant l’aîné de la famille, il en est l’héritier légitime ; mais d’après la sentence paternelle, l’héritage ne lui reviendra que s’il renie la foi chrétienne. Actuellement encore, il vit