Page:Cloutier - Propos japonais.pdf/273

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

UNE CONQUÊTE DE LA VRAIE FOI


Dans une maison japonaise, aux frêles cloisons et aux nattes de chaume doré, un jeune homme, deux femmes et… une barbe, je veux dire un missionnaire.

Cet intérieur est d’une reluisante propreté, d’un décor très simple, et très esthétique à la fois. Les cloisons, pareilles à des praticables de théâtre, représentent, les unes, des arbres rabougris, couverts de givre, d’autres, des oies sauvages pérégrinant à la file, d’autres encore, des maximes en gros caractères chinois, que peu de gens comprennent, mais dont le fin et le délié ont une souplesse et une netteté qui réjouissent l’œil comme une peinture. Dans un coin de l’appartement, une alcôve, où s’élève, dans un plateau, un arbre pygmée, comptant déjà cependant plusieurs années d’existence ; de chaque côté de cet arbre, des fleurs et divers autres objets auxquels s’attachent, sans doute, d’inoubliables souvenirs. Mais l’absence des idoles, ou plutôt la présence de quelques images pieuses appendues aux cloisons indique que cet intérieur est celui d’une famille chrétienne.

De ces deux femmes, l’une est la vieille mère et l’autre, la femme du jeune homme. Cette dernière seule n’est pas encore baptisée ; en outre, elle est affligée à un genou d’un mal étrange, qui la fait extrêmement souffrir. Aussi, c’est à cause de cette jeune femme que cette maison reçoit présentement la visite du missionnaire.