Page:Cloutier - Propos japonais.pdf/274

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— Ainsi donc, Madame, dit celui-ci à la malade, vous ne pensez pas encore à recevoir le baptême ?

La jeune femme eut un léger sourire, avec une petite moue un peu lasse et sceptique.

— Oh non ! pas encore !

— Mais, enfin, Madame, ne voyez-vous pas combien votre maladie est étrange ? Vous me dites que vous avez consulté tous les médecins et que pas un n’a pu comprendre ce mal ni lui apporter quelque soulagement. Ne serait-ce pas là comme la main de Dieu lui-même qui punit par ce mal votre résistance à la grâce ? Croyez-moi, la maladie est toujours sage conseillère : c’est la voix de Dieu même, voix apparemment dure, terrible même parfois, mais en réalité, voix toute de miséricorde et de tendresse, qui force, par ce moyen, l’âme oublieuse de ses devoirs, à rentrer un peu en elle-même, à regretter ses péchés et à revenir dans la bonne voie. Or, cette bonne voie, cette voie droite, cette seule et unique voie, vous la connaissez déjà : on vous l’a enseignée avec soin et vous vous êtes mise volontiers à l’étudier. Il ne vous reste plus maintenant qu’à élever votre cœur vers Dieu et à le prier avec confiance, pour qu’il vous accorde le bienfait de la foi. C’est le moment de vous convertir. Ne retardez plus. Si vous laissez passer la grâce, qui sait si elle reviendra ?

— Je vous l’avoue, ajouta la malade avec beaucoup de gêne et d’hésitation, je n’ai pas d’excuse à opposer à tout ce que vous me dites : vous avez parfaitement raison. Mais…

— Mais quoi ?

— Je ne me sens pas le courage d’embrasser cette religion.