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Hakodate compte deux églises catholiques : l’une dans la ville proprement dite, l’autre dans un faubourg appelé Kameda. Il serait plus juste de dire, qu’à l’heure actuelle, il n’existe qu’une église à Hakodate, puisque, au printemps de l’année dernière, celle de la ville de Motomachi, comme on l’appelait, a disparu dans un grand incendie qui a consumé en quelques heures tout un quartier. Mais une autre coïncidence rendit les pertes plus lourdes encore : c’était déjà la troisième fois que ce malheur arrivait. Quelle immense cause de chagrin pour ce pauvre Mgr Berlioz qui trois fois a fait construire cette église et trois fois l’a vue brûler. La dernière fois surtout, il avait tout exprès entrepris un voyage en Europe, pour recueillir des aumônes et s’était rendu jusqu’en Allemagne implorer l’assistance de la charité chrétienne. Or, de tout ceci, il ne reste plus que de misérables ruines. Nous les avons visitées ! Que c’est triste ! Que c’est désolant ! Quelle immense épreuve !

Nous avons visité aussi les deux missionnaires du postes, dont la maison a été rasée aussi au moment de l’incendie. Ils étaient — vraiment, c’est incroyable si on ne l’a vu de ses yeux — dans un vieux hangar délabré, humide, malsain tout à fait, que le feu a épargné je ne sais par quel hasard, et qui sert maintenant à la fois de gîte aux deux missionnaires et de lieu de réunion aux fidèles le dimanche. Dans un coin, derrière un rideau, se trouvait l’autel, que l’on découvrait le matin au moment de la sainte messe. Dans un autre, tables, lits, livres et autres objets qu’on a pu tout de même arracher à la fureur des flammes. Et ces deux pauvres Pères vivaient ainsi dans ce réduit depuis neuf longs mois ! Vraiment c’était pitié à voir !