Page:Cloutier - Propos japonais.pdf/312

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son discours, par la vivacité et la chaleur de sa parole, l’orateur nous est apparu comme un chrétien tout d’une pièce, fier de sa foi, heureux de la voir briller et triompher à travers le monde, extrêmement attaché au Souverain Pontife, ayant pour Sa Sainteté une vénération qui tient presque du culte, enfin, prêt à tout entreprendre pour faire aussi triompher notre sainte religion en son pays. Dans des conversations avec lui, — et qu’il sait tenir en un français impeccable, — nous avons pu admirer encore sa piété simple et droite, apprécier surtout les glorieux sacrifices devant lesquels il ne recule pas pour sauvegarder sa foi, dans la position officielle où il se trouve. À ce propos, il nous a confié que, quelques jours auparavant, des autorités militaires lui avaient dit ceci : « On parle de vous confier le commandement d’un bateau, mais il est probable qu’il n’en sera rien, parce que vous n’allez pas adorer les ancêtres aux Miya. » — « Messieurs, répondit M. Yamamoto, je vois que vous connaissez mes convictions religieuses et je m’en réjouis ; mais sachez aussi que je ne redoute aucunement les conséquences fâcheuses que ces convictions peuvent m’attirer, pour les avoir fidèlement gardées. » Une réponse aussi ferme est bien loin, certes, de lui donner l’espoir d’une promotion à l’amirauté ; ce que lui procurerait sans peine la simple promesse de visiter les Miya, même pour la forme. Heureusement, M. Yamamoto possède une foi qui ne sait pas se courber devant l’erreur, dût-il, pour cela, renoncer à tous les honneurs de monde. N’est-ce pas là du vrai et pur héroïsme ?

Nous profitâmes enfin de notre séjour à Nagasaki pour aller visiter deux des chrétientés qui se trouvent à