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trefois pour transmettre leur foi ; au contraire, ils inclinent de plus en plus vers les superstitions du bouddhisme. Auraient-ils donc abusé de la grâce, et Dieu les aurait-il laissés à leur endurcissement ? Cette pensée est la continuelle angoisse des missionnaires !…

En tout, nous avons passé près d’une semaine à Nagasaki. Arrivés le samedi, 19, nous en partions le vendredi suivant, 23, pour atteindre le jour même Biwasaki, qui devait être notre dernier arrêt avant Kagoshima.

Biwasaki n’est qu’un faubourg, ou même, si l’on veut, un simple village, situé tout près de Kumamoto, ville préfecturale. C’est là que se trouvent, dans un joli bouquet d’arbres, à une certaine distance des autres maisons, la léproserie et la communauté des Sœurs Franciscaines Missionnaires de Marie. C’est là que nous avons été hospitalisés le samedi et le dimanche suivant. La communauté des religieuses compte quatre Canadiennes françaises qui sont au Japon déjà depuis plusieurs années.

Durant ce nouveau séjour, nous avons fait encore des visites ; et tout d’abord, cela va sans dire, nous avons vu la léproserie. Ah ! quelle affreuse maladie que la lèpre ! Ces pauvres malades sont littéralement rongés tout vivants par ce mal implacable qui gagne chaque jour. Ces pauvres gens n’offrent aux regards que des membres tronqués, échancrés, pantelants, des plaies horribles qu’on ne peut voir sans frémir. Cela fait pitié !

D’un autre côté, au moins pour ces lépreux de Biwasaki, cette maladie est un grand sujet de consolation.