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sont spécialement consacrés à ces sortes de sujets.

À plus forte raison en est-il ainsi du style poétique. Ces différences sont même plus grandes que celles qui existent en anglais, entre le style parlé et le style sacré.

D’autres tournures, remarquables par leur délicate modestie, sont les comparaisons de supériorité. La manière de procéder est telle que, grammaticalement, on n’exprime pas cette sorte de comparaison ; on se contente de l’insinuer, en confrontant les deux choses à comparer et en affirmant l’attitude en question, de préférence chez l’une que chez l’autre. Soit cet exemple : Je suis plus grand que vous ; on traduit simplement : Anata yori watakuski wa sei ga takai, c’est-à-dire : à côté de vous, moi je suis grand. On dirait vraiment que l’on se garde de choquer, en énonçant une affirmation qui paraîtrait heurter le sentiment d’un autre. Réellement, on a presque l’illusion d’un acte de vertu.

Comment qualifier maintenant les formules de politesse du genre de celles qui existent aussi dans les autres langues ? En japonais, on le devine, elles sont très nombreuses, très expressives et surtout très caractéristiques. Ce qui paraît singulier, en effet, pour l’étranger, c’est que, dans ces formules, les particules de respect n’accompagnent pas la personne, — qui n’est pas même désignée par un pronom, — mais l’action de la personne. En outre, à part ces particules, on ajoute en plusieurs formules, le mot sama qui veut dire auguste, honorable, respectable, et plus familièrement, Monsieur. On dira donc pour remercier d’un service rendu : Makobo ni o sewa sama de gozaimashita : assurément ce fut (j’ai été l’objet de) votre auguste assistance. Notre formule française « grâce à vous » se traduira :