Page:Cloutier - Propos japonais.pdf/32

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d’un de ses inférieurs, ne se servira que de termes pleins de modestie. C’est ainsi que, des deux verbes irassharu et mairu, qui tous deux signifient aller, le premier est un terme de respect et le second un terme de modestie.

Il y a, par conséquent, comme un double répertoire que l’on doit utiliser avec une extrême discrétion et un attentif à propos, si l’on ne veut pas faire rire de soi, pour une méprise, si facile en pareille occurrence. Il va sans dire que les Japonais eux-mêmes observent cette règle tout naturellement et toujours avec une remarquable dextérité. Il n’en va pas de même des étrangers, qui trouvent là une des plus grandes difficultés de la langue parlée.

Il faut encore noter les tours de phrase, en particulier ces groupements de verbes et de mots aimables qui donnent tant de grâce à la pensée japonaise. Soit des tournures comme celle-ci : Mô o kaeri narimashita ka ? En êtes-vous donc déjà venu à votre noble retour ? ou bien celle-ci : Go benkyô de gozaimasu ka ? Seriez-vous donc livré à vos nobles études ? ou encore cette autre : Kono tegami wo o yomi kudasaimasenu ka ? N’auriez-vous pas la condescendance de lire cette lettre ? Outre ces tournures verbales, il faut remarquer aussi dans ces phrases les particules o et go, dont le rôle est précisément de rendre hommage à la dignité de l’interlocuteur.

Et ce ne sont là que des tournures de la conversation ordinaire. Dans le style réservé à la narration de récits célèbres ou à l’exposé de doctrines religieuses, par exemple, notre catéchisme catholique, les verbes ont des constructions différentes, et beaucoup d’autres mots