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CÉRÉMONIAL DES VISITES


Je ne sais rien d’aussi gracieux qu’une visite japonaise. C’est à cette occasion qu’il est surtout loisible d’admirer l’extrême politesse des gens de ce pays. Au premier abord, tout paraît solennel et précieux. En réalité, il n’en est rien : tout s’accomplit le plus simplement du monde et si gentiment !… D’ailleurs, jugez-en vous-même.

Voici le visiteur, le « noble monsieur le visiteur », comme on l’appelle ici ! Il ouvre la porte du petit vestibule, pièce inséparable de toute maison japonaise, puisque c’est là qu’on quitte les chaussures et les habits, avant de pénétrer à l’intérieur.

« Faites excuse » dit-il. Si c’est une femme, la formule est encore plus polie : « Veuillez m’accorder une excuse. » On sait que la femme au Japon a été jusqu’aujourd’hui dans une condition très inférieure à celle de l’homme, dont elle est devenue moins l’épouse que la servante. Dès lors, son langage accuse forcément cet état d’infériorité et de sujétion.

Il faut remarquer aussi, dans la voix, les tonalités et les inflexions qui sont d’une gentillesse, dont les Japonais ont peut-être seuls le secret.

À noter encore que le visiteur ne frappe pas à la porte, probablement parce que celle-ci, étant fabriquée en papier, serait vite trouée — elle le devient assez