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Japon. Ce sont toutes des visites de cérémonie, à l’occasion desquelles on peut exposer une affaire.

D’ailleurs les Japonais ne sont pas pressés. Il n’y a guère d’affaire, quelque importante qu’elle soit, qui ne puisse se remettre au lendemain ou à plus tard. On dérange bien rarement un Japonais, serait-ce à l’heure des repas, ou, plus exactement, à notre heure des repas, car lui, lui n’a pas d’heure fixe pour manger : il le fait pour ainsi dire à temps perdu ; de sorte que, très souvent, il passe une journée entière sans prendre aucun aliment.

Les visites japonaises sont donc très longues. Mais elles sont, à certains points de vue, fort agréables, pour les étrangers surtout, à cause du charme que ces gens mettent dans leurs conversations. Ils font peu de gestes, il est vrai, tout orientaux qu’ils sont ; mais en revanche, il faut voir leurs jeux de physionomie ; il faut entendre leurs expressions vives, dans lesquelles ils cristallisent leur pensée, selon l’ordre spontané de la sensation qui l’a précédée et préparée ; il faut remarquer les inflexions de leur voix et leur invariable sourire, persistant même s’ils se mettent en colère. Toute cette mise en scène, qui d’ailleurs reste très simple et très naturelle, produit réellement l’effet d’un charme irrésistible, dont le visiteur garde toujours l’agréable impression.

Quand il veut se retirer, le visiteur annonce brièvement qu’il va partir, et aussitôt, quittant le coussin, il salue profondément son hôte, qui s’empresse de dire : « Quoi ! serait-ce donc déjà votre noble retour ? » Puis, à moins qu’il ne veuille retenir plus longtemps son visiteur, l’hôte ajoute : « S’il vous plaît, faites-nous encore l’honneur de revenir. » À quoi le visiteur répond : « Oh ! oui, certainement ! Je vous remercie ; je re-