Page:Cloutier - Propos japonais.pdf/51

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troisième invitation, et enfin le signal que le maître de la maison doit donner lui-même, en buvant le premier à sa propre tasse. Le visiteur ne va pas non plus vider la sienne d’un trait, bien que dans la tasse il n’y ait guère plus de thé que pour un seul trait. Au contraire, il y trempe à peine les lèvres pour en aspirer deux petites gorgées seulement ; mais il a soin de boire avec bruit, afin de laisser entendre à son hôte qu’il trouve un goût exquis et subtil au thé qu’on lui présente. Ce détail offusquera peut-être la susceptibilité de la politesse française ; mais on le comprendra vite, en se rappelant qu’au Japon les coutumes sont aux antipodes de celles de l’étranger.

Avec le thé on offre aussi les « nobles bonbons », dont il existe beaucoup de variétés. Presque tous sont plus substantiels et plus nutritifs qu’au Canada, étant fabriqués surtout avec du riz ou des fèves. D’ordinaire, on en offre de plusieurs espèces au visiteur, de sorte que celui-ci aurait amplement de quoi se distraire, si la conversation allait languire.

Mais celle-ci ne languit jamais. Les Japonais parlent avec beaucoup de facilité, surtout les femmes qui, en ceci, ont renoncé probablement à contraster avec celles de l’étranger ? ?…

De plus, le Japonais n’expose jamais le but de sa visite sans un préambule. Et quel long préambule ! Il n’est pas rare de recevoir un visiteur qui passe deux heures environ à causer de choses et autres, et ne fait connaître le but de sa visite que tout juste avant de quitter ou même en sortant.

La raison en est peut-être celle-ci : il ne semble pas y avoir, à proprement parler, de visites d’affaires au