Page:Cloutier - Propos japonais.pdf/59

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de ce long mot, qui paraît barbare : c’est tout simplement le mot anglais « ice cream », japonisé. Mais ce qui est le plus intéressant, c’est que très souvent ce vendeur qui clame sérieusement ce mot, sans trop bien le comprendre, ne vend pas autre chose que de la glace. Celui qui vend le habutaemochi n’a pas d’autre chose non plus dans sa petite voiture. Le habutaemochi est une espèce de moci : gâteau fait avec du riz cuit à la vapeur et ensuite broyé dans un mortier ; on lui donne toutes les formes et toutes les couleurs que l’on veut. Le habutaemochi est appelé de ce nom parce qu’il ressemble à une étoffe de soie très jolie qu’on nomme habutœ.

Enfin, il y a le long du jour une autre classe de bruits auxquels je ne trouve pas de nom générique. C’est d’abord le tambour de la réclame. Au Japon, les magasins, les théâtres etc., font de la réclame, non seulement avec des annonces dans les journaux et des affiches un peu partout, mais aussi avec le tambour dans les rues. C’est une procession dont le cortège est plus ou moins nombreux, selon l’argent alloué probablement. Des femmes, portant des oriflammes, sur lesquelles on peut lire l’objet de la réclame, s’en vont à la file indienne, précédant et suivant un « pousse-pousse » qui traîne un homme muni d’un tambour. Il ne faut pas s’attendre ici à un morceau musical d’artiste : le joueur en question n’a guère, semble-t-il, des prétentions de ce genre. Si on en juge par le tapage confus, dont il nous ahurit, on conclut vite que cet individu n’a pas dû faire de longues études préparatoires. Pour la réclame des théâtres, il y a aussi des joueuses de guitares, quelquefois même un corps de fanfare.