Page:Cloutier - Propos japonais.pdf/60

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il y a encore le son de la clochette des bonzes mendiants, tout sales, tout déguenillés, bien qu’ils soient très riches. Ils portent, à la main, un gourdin en guise de canne, et sur le dos, des caisses remplies d’images grotesques et de bibelots idolâtriques. Ils ont donc une clochette, qu’ils sonnent aux portes de leurs clients, tout en larmoyant des prières. Ils sonnent et prient ainsi jusqu’à ce qu’on leur fasse l’aumône. Que si on la leur refuse en faisant la sourde oreille — ce qui est fréquent — ils ne paraissent pas s’en affecter le moins du monde et s’en vont du même pas.

Autre son de cloche est celui que font entendre sur leur passage les chevaux de charge. Les chevaux, en hiver et souvent même en été, portent au cou une cloche, pour avertir les gens qui marchent dans la rue, d’avoir à leur livrer passage. Cette cloche est parfois assez grosse, trop grosse même, semble-t-il. La coutume, diton, vient de Russie, par la voie de Karafuto.

Un autre bruit assez ennuyeux est celui que font les raccommodeurs de pipes. La pipe japonaise, kiseru, est toute différente de celle qu’on voit à l’étranger. Elle comprend trois parties, : le bout que l’on met dans la bouche, suiguchi, le tuyau, rao, et le fourneau, gankubi. Le bout et le fourneau sont en métal, tandis que le tuyau est en bambou : le fourneau est si petit qu’il ne peut guère contenir de tabac que la grosseur d’une fève. Or, comme le tuyau est en bambou, très souvent il faut le changer, et, pour ce travail, paraît-il, il faut un expert. Voilà pourquoi, au Japon, ce simple petit travail devient un métier. Ce fabricant passe dans la rue avec sa petite charrette sur laquelle il y a un petit fourneau à vapeur muni d’un sifflet : princi-