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PROPOS JAPONAIS

dire que les pompiers, comme tous les bons Japonais, ont chacun leur métier. Mais si l’on entend par là une profession déterminée, à laquelle quelqu’un se consacre pour toute sa vie, comme on le voit d’ordinaire à l’étranger, alors il faut avouer qu’ils sont bien rares, au Japon, ceux qui ont un métier. Il faut, semble-t-il, qu’ils essaient un peu de tout. Un tel, par exemple, qui fut autrefois libraire, est devenu marchand ambulant ; un autre a quitté son épée et ses galons d’officier pour pousser la charrue du laboureur ; un troisième a échangé l’étole du bonze contre le joug et les deux seaux de l’acheteur de fumier. Et ces exemples sont pris au hasard entre mille. Il y en a encore de plus renversants, et il n’est pas rare qu’on les trouve tous dans la vie d’un même homme.

Ainsi nos pompiers japonais exercent-ils le métier de pompier, sans être, à proprement parler, des gens du métier. On les convoque du haut du kinomi-bashira, c’est-à-dire, de « la colonne d’où l’on voit le feu. » Cette colonne, à vrai dire, n’en est pas une, mais une espèce de longue échelle, dressée à demeure, de place en place. Au haut de cette échelle, et suspendue à l’un de ses montants, se trouve une cloche massive et grossièrement fabriquée, de même forme que celles des bonzeries. Cette cloche est fixe aussi, comme celle des bonzeries ; c’est pourquoi, on la frappe pour la sonner.

La création des brigades de pompiers, au Japon, remonte au commencement du xviiie siècle. Elle est l’œuvre d’un homme fameux de l’époque, nommé Ooka, à la fois maire et juge de Yedo, (aujourd’hui Tôkyô), et qui reste célèbre, par un jugement populaire qui l’a fait surnommer le Salomon japonais.

Chaque brigade a un signe de ralliement assez