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LE VILLAGE JAPONAIS


Je n’ai pas encore assez vu de villages japonais pour en donner une appréciation particulière, bien détaillée. Cependant, de tous ceux que j’ai visités jusqu’ici, j’ai conservé une impression qui, si je ne m’abuse, réunit bien les traits communs à tous les villages du pays. Au Japon, m’a-t-on dit, personnes, maisons, villages, villes se ressemblent tous.

Voici cette impression :

Le village japonais n’a rien qui charme le regard. Sous ce rapport comme il diffère du village canadien ! Celui-ci est si coquet ! Soit qu’il groupe ses maisonnettes aux fraîches couleurs dans une vaste plaine embaumée des odeurs des foins et des blés, soit qu’il les accroche aux flancs onduleux et verdoyants d’une colline, soit qu’il les déroule, comme un « grand chapelet à quinze dizaines », le long des sinuosités capricieuses d’une rivière : toujours il est pittoresque, toujours il est charmant, enchanteur. Surtout la flèche de son église, qui domine toutes les habitations, et autour de laquelle celles-ci se rassemblent, comme des petits poussins autour de leur mère, comme elle s’élève fière et douce dans les airs ! On dirait une reine. À la voir, on la trouve si belle, qu’on l’aime irrésistiblement, car on sent que c’est elle qui nourrit, qui protège, qui défend, en un mot qui procure le vrai bonheur et la vraie joie dans la charité, première loi de la vie chrétienne.