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Au village japonais, hélas ! rien de tout ceci : ni le site, ni les maisons n’ont rien de pittoresque, rien de charmant.

Le site est rarement bien choisi. Le village est presque toujours construit dans la plaine, bien rarement dans les montagnes, pourtant si nombreuses ici. C’est étrange ! À cela il y a cependant une raison : au Japon, la principale production étant le riz — et celui-ci ne se cultivant que dans l’eau — il est naturel que l’on choisisse de préférence les terrains plats pour y établir les rizières et conséquemment aussi pour y grouper les maisons. Mais alors, rien de misérable comme l’aspect de ces villages ; on les dirait perdus au milieu de marais interminables.

Encore si les maisons étaient jolies ! Mais d’ordinaire elles sont réellement pitoyables. Construites, partie en bois, partie en papier, ou même façonnées de paille ou de terre, ce sont plutôt des huttes que des maisons.

Rien ne domine le village. Rien non plus de saillant, rien en relief, pas d’unité par conséquent dans le spectacle : Ces petites maisons basses semblent, pour ainsi dire, fortuitement rassemblées, comme un troupeau dans un parc.

Il y a pourtant un temple païen. Mais il est toujours à l’écart du village, comme le pharisien d’autrefois, fier, hautain, dédaigneux, craignant toujours de se contaminer au contact d’un peuple qu’il méprise, tout en l’exploitant à son profit.

Il y a encore une autre maison qui remplace plus ou moins avantageusement le clocher du village canadien, ou même ici le temple païen : c’est le théâtre. Lui, il