Page:Cloutier - Propos japonais.pdf/84

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sorte que la vue s’y repose volontiers et qu’on y respire à loisir de fortes senteurs aromatiques.

Naturellement, les maisons sont très rares en cette vallée ; mais ce ne saurait être une solitude complète. Il y a le grand mugissement de la rivière, qui fait résonner contre les flancs de la montagne son écho puissant. Il y a aussi le chant des oiseaux et le cri des insectes qui remplissent l’air de leur ramage. Les cigales surtout font un tapage assourdissant. Beaucoup plus grosses que celles du Canada, elles ont un cri métallique et strident qui déchire les oreilles.

À Kamuikoton, village qui précède tout juste celui de Naidaibu, le spectacle est très pittoresque. La rivière y est resserrée entre les assises de deux gros pics, dont les formes puissantes et hardies provoquent le plus grand intérêt. Ce village ne compte que la gare du chemin de fer et quelques maisons. Les deux rives sont reliées par une gracieuse passerelle, entre deux rochers situés juste en face l’un de l’autre ; on dirait qu’ils ont été placés là tout exprès. À cet endroit même, la rivière est très profonde : il y a là, paraît-il, un trou d’une profondeur de 720 pieds.

À partir de Kamuikoton, nous quittâmes le bord de la rivière ; le village de Naidaibu est, en effet, sur le bord d’un autre ruisseau qui, selon toute apparence, va se jeter dans la même rivière. Ce ruisseau coule aussi à travers les montagnes, mais cette fois, la vallée est beaucoup plus spacieuse, ses côtes sont inclinées en une pente douce et paresseuse, par conséquent très propres à la culture. D’ailleurs, elles portent la trace du laboureur, et bientôt on aperçoit çà et là, accroupies contre le flanc de la vallée, des maisonnettes,