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de même de lui administrer les derniers sacrements. D’ailleurs, le malade lui-même manifestant le désir de les recevoir, il fut décidé qu’on reviendrait le lendemain dans ce but. Nous passâmes environ une heure auprès de ce digne chrétien. Enfin, après avoir fait réciter une courte prière à tous les assistants, pour appeler sur le malade la protection de la Sainte Vierge et de Saint Joseph, je le bénis. Cet homme montra une grande foi et une piété très touchante. D’ailleurs, il a toujours été, paraît-il, un chrétien fervent et énergique. Jamais il n’a rougi de sa foi, malgré les sarcasmes dont il a été souvent l’objet de la part des païens ; il a toujours pratiqué ses devoirs religieux avec une fidélité consciencieuse et constante. Les enfants d’une autre famille, devenue chrétienne depuis, racontent aujourd’hui que, lorsqu’ils étaient encore païens, ils ont demeuré quelque temps voisins de la famille de cet homme, et que par espièglerie et malice, ils cherchaient par tous les moyens à la troubler chaque fois qu’elle se mettait en prière ; « mais, ajoutent-ils, c’était toujours en vain ; même les petits enfants ne prêtaient aucune attention à nos taquineries ; tous, les mains jointes, continuaient imperturbablement leur prière. »

C’est donc le cœur partagé entre la consolation et la tristesse qu’après avoir pris congé du cher malade et de sa famille, je repris avec mes compagnons le chemin d’Asahigawa. Le lendemain, notre brave chrétien reçut l’Extrême-Onction avec sa ferveur ordinaire, puis, après quelque temps d’un mieux sensible, il redevint plus mal et s’endormit enfin pieusement dans le Seigneur à l’automne de la même année.