Page:Cloutier - Propos japonais.pdf/86

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meure ! La route que nous suivions nous conduisit entre deux huttes de paille à peu près de même grandeur, situées de chaque côté, en face l’une de l’autre. Alors, dans la porte de l’une d’elles, apparurent deux petits enfants qui, avec une joie visible et une grâce exquise, nous firent la révérence. Disparaissant aussitôt, ils allèrent chercher leur mère qui vint à son tour nous saluer tout heureuse.

Cependant, j’hésitais à entrer. Il y avait là, à l’intérieur une vache et une brebis qui faisaient entendre des lamentations, comme si elles n’eussent jamais rien mangé. Pensant que j’avais devant moi l’étable, je me tournai vers l’autre hutte de paille. Mais un de mes compagnons, me rassurant, me pressa d’avancer. Je me résignai donc, quoique un peu à contre-cœur, et j’entrai. En réalité, cette hutte, très grande, comprenait trois appartements distincts : une étable, un hangar et enfin, tout au fond, la demeure de la famille. C’est donc là que j’arrivai, après avoir traversé, un peu soucieux, les deux premières antichambres.

Là m’attendait une surprise plus grande encore. Arrivé dans l’une des deux pièces qui composent l’appartement, je m’informai aussitôt du père. On m’apprit qu’il était gravement malade. De fait, du lieu où j’étais, j’entendais des gémissements douloureux. Vite, je passai dans l’autre pièce. Le pauvre homme était étendu par terre, sur des nattes très misérables, ayant à peine un mince matelas pour adoucir un peu la dureté de sa couche. Il semblait souffrir excessivement, et ne pouvait parler qu’avec grand peine. Cependant, au dire du médecin de la localité que l’on avait consulté, le cas n’était pas désespéré. Il paraissait prudent tout