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de courtes paroles et départ : tel fut le programme assez précipité de ce premier enterrement.

Le second fut plus consolant. Au moins il eut un caractère plus nettement chrétien. C’était aussi à la campagne, à quelques heures d’Asahigawa. Je pris le train de cinq heures du matin. Comme on était à la fin d’octobre, c’était l’heure où le soleil, au bord de l’horizon, soulevant de sa tête rayonnante le sombre voile des ténèbres, esquisse un premier sourire à la nature, sans doute pour la consoler de la misère et de la tristesse automnales qui l’envahissent tout entière à cette époque.

Cette fois encore, j’étais accompagné d’un chrétien. Au bout d’une heure, nous descendîmes du train pour faire le reste de la route à pied, le chemin de fer ne passant pas par le village où j’allais faire l’enterrement. Nous arrivâmes à destination vers huit heures.

Le village est situé dans une très large vallée, au fond de laquelle serpente et coule silencieusement un ruisseau. Les deux flancs de cette vallée sont à peu près tout défrichés ; il y a peu d’arbres, par conséquent, et les seuls qu’il y ait, ne portaient alors, au bout de leurs branches dénudées, que quelques feuilles rousses et desséchées, à peine retenues par un fil et palpitantes sous la brise, comme des malades qui ne veulent pas mourir. L’aspect n’avait donc rien de bien agréable. Quant aux maisons du village, ce ne sont que des huttes de paille ; elles sont peu nombreuses et blotties çà et là, non loin du ruisseau, dans les sinuosités de la vallée.

Nous entrâmes donc dans une de ces huttes, où se trouvait notre cher défunt. L’aspect en était encore plus misérable à l’intérieur qu’à l’extérieur. Des trois appartements, le premier servait d’étable et de hangar,