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Bientôt nous fûmes en route. Le cercueil était chargé sur un traîneau qu’un cheval tira avec grand peine, car c’était encore sur la terre nue. Mais le cortège était nombreux. Outre les païens adultes qui étaient venus à la maison, les uns pour assister à la messe, les autres au moins pour attendre la fin du service, il y eut encore tous les enfants de l’école de l’endroit, qui, leur maître en tête, se joignirent à nous et nous accompagnèrent une bonne partie du chemin. Arrivés à un tournant de la route, sur un signal de leur maître, les enfants s’arrêtèrent et se placèrent sur deux lignes : petits garçons en tête et petites filles en queue, tous bien droits, au port d’armes, poings sur la hanche, militairement en un mot, comme on fait partout dans les écoles au Japon. Alors le cortège aussi s’arrêta, et le maître s’avançant fit au nom de ses élèves un petit discours au fils du défunt, qui avait été lui-même, il y a quelques années, instituteur dans cette école. Celui-ci répondit ensuite en quelques mots, puis le cortège se remit en marche, tandis que les enfants, après une profonde inclination à leur ancien professeur, retournèrent à leur village.

Au cimetière, lorsque nous y arrivâmes, il y avait encore d’autres païens, une quinzaine, qui avaient pris les devants pour préparer la fosse et ses abords. Ils étaient là, se chauffant autour d’un feu de fagots. Tout étant prêt pour la bénédiction de la fosse et pour l’inhumation, la dernière cérémonie ne souffrit pas de retard.

Enfin, après avoir remercié et salué tous ces gens, je repris avec mon compagnon la direction de la gare. Cette nombreuse assistance m’avait profondément touché : elle ne comptait que des cultivateurs, qui