Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 6.djvu/117

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NOTICE.

Ce fut en 1653, dans l’année qui suivit la chute de Pertharite, que Pellisson publia sa Relation contenant l’histoire de l’Académie françoise, où il racontait les difficultés que Corneille avait éprouvées pour être admis dans cette compagnie. Il paraît que ce récit déplut à notre poëte, car le 21 octobre Guy Patin écrivait à Falconet : « M. Pellisson, tout habile homme qu’il est, s’est fait bien des ennemis par son Histoire de l’Académie. M. Corneille, illustre faiseur de comédies, écrit contre lui[1] » Il est probable que Corneille ne donna aucune suite à ce projet d’écrire contre Pellisson, et que celui-ci l’apaisa en lui promettant de supprimer le passage qui l’avait choqué. En effet, à partir de la seconde édition, ce morceau disparaît jusqu’au moment où il est rétabli par d’Olivet. La déférence de Pellisson gagna si bien le cœur de Corneille qu’ils devinrent amis intimes. Il était dès lors tout naturel que Pellisson, qui était en grand crédit auprès de Foucquet, lui présentât Corneille. M. Chéruel a pensé que ce fut vers 1657 que notre poëte fréquenta la maison du surintendant[2], et cette conjecture se trouve confirmée par une épître de Scarron écrite peu après la prise d’Hesdin, c’est-à-dire en cette année même, et où il exprime la crainte de se voir supplanté auprès du « moderne Mécène » par « le Boisrobert » et « les Corneilles[3]. »

  1. Lettres de Guy Patîn, édition de M. Réveillé Parise, tome III, p. 13 et 14.
  2. Mémoires sur la vie publique et privée de Fouquet tome I, p. 428.
  3. Œuvres de Scarron, 1786, in-8°, tome I, p. 827 et 238. C’est M. Édouard Fournier qui a le premier fixé cette date importante, à l’aide de l’épître de Scarron.