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DIVISION EN PÉRIODES

comme une création originale. La philosophie est peut-être ce qu’il y a de plus remarquable en ce temps. Ammonios au iie siècle, Plotin et Porphyre au iiie, Jamblique au ive, Syrianos, Proclos, Damascios, Olympiodore et Simplicios au ve et au vie, prouvent, par une sorte de renouvellement des doctrines anciennes, que la vitalité de l’esprit grec n’est pas encore éteinte. Ce temps, si peu poétique en apparence, produit même une poésie. Nonnos et Colouthos, peut-être aussi Quintus de Smyrne, puis Musée et Triphyodore sont les derniers représentants de la tradition hellénique affaiblie, et annoncent déjà le moyen âge byzantin, bien qu’ils appartiennent encore par l’esprit et l’imitation à l’antiquité.

Nous ne mentionnons pas dans cette dernière période les écrivains et les orateurs chrétiens malgré le grand éclat de leurs œuvres et de leurs noms, parce qu’ils ne peuvent être étudiés convenablement dans une histoire générale de la littérature grecque. Nourris d’un autre esprit et puisant leurs inspirations ailleurs que dans la simple tradition hellénique, ils forment, entre les écrivains grecs, une série distincte que nous laissons en dehors du cadre de cet ouvrage.

Le spectacle de la longue évolution que nous venons d’esquisser appelle quelques réflexions indispensables. Le génie grec a eu pendant sept ou huit siècles un essor magnifique ; puis, pendant une période presque égale, il est resté inférieur à lui-même, pour disparaître ensuite dans l’ombre du moyen âge byzantin. Cette décadence n’est pas imputable aux défauts de la race hellénique, bien qu’elle les ait rendus plus sensibles. La domination romaine en a été la première cause, puis la situation poli-