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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t1.djvu/102

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INTRODUCTION

tique de l’Empire à partir du iiie siècle. Jamais, pendant ce temps, la race grecque ne s’est trouvée groupée et constituée dans des conditions de force, d’indépendance, d’unité morale, qui lui aient permis de se ressaisir elle-même. Rien ne prouve que, si ces conditions lui eussent été offertes, elle n’aurait pas pu, tout en restant fidèle à son génie, renouveler ses traditions, se refaire peu à peu un ensemble d’idées et de sentiments nouveaux, en un mot recommencer une seconde évolution, analogue à celle dont elle avait une première fois offert le spectacle. Le christianisme pouvait devenir l’occasion naturelle de ce développement, et il a semblé un instant, au ive siècle, que cela allait peut-être se produire. Mais le christianisme a trouvé son centre en Occident, et l’Orient, en lutte avec les barbares, Perses, Bulgares, Goths, et plus tard Arabes et Turcs, n’a jamais vu s’établir dans son sein un état de choses qui permît une renaissance hellénique. Il ne faut donc pas se hâter de dire que la littérature grecque a pris fin parce que l’esprit grec était épuisé. La vérité est que l’occasion lui a toujours manqué de mettre à profit ses ressources pour recommencer une vie nouvelle. Le développement d’une littérature est en somme celui d’une tradition. La Grèce en a créé une première, qu’elle a conduite glorieusement à son terme naturel à travers une série de phases régulières. La fortune lui a refusé les moyens d’en constituer une seconde.