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VALEUR MORALE ET NATIONALE 251

plus que pleurer et proposer le départ*. La vrai- semblance morale n'est pas même ménagée par la mise en scène ; on sent que les auteurs de ces mor- ceaux se servent d'une donnée dont ils ont besoin, sans l'approprier véritablement à sa destination.

Toutefois ces disparates n'ont qu'une faible im- portance dans l'ensemble du poème. Les beautés uîoralcs dominent et les font oublier. Les principaux personnages du récit se font admirer de nous dans une série de scènes où nous les retrouvons cons- tamment avec les grands traits de leur physionomie, toujours vivants et suffisamment semblables à eux- mêmes. Sans doute il n'y a encore chez aucun d'eux développement régulier et suivi d'un caractère , comme plus lard dans certaines tragédies. L'épopée primitive ne comportait pas cette étroite liaison des parties ni cette succession savante de phases qui s'expliquent l'une par l'autre. Mais si elle ne réalisait pas encore pleinement cet idéal de l'art au service de la vérité morale, elle le laissait déjà entrevoir avec une remarquable netteté. Les grandes scènes s'y continuent les unes les autres. Elle sait non seu- Icmcnl créer les situations émouvantes et les faire valoir, mais encore y engager si profondément les acteurs dont elle dispose, que leur nature intime s'y révèle tout entière; elle sait enfin y poser les Jurandes questions niorales qui doivent apparaître dès que les intérêts humains sont en jeu, et qui changent d'aspect au gré des passions qui s'agitent.

1. La manière dont Dionièdc riiisultc au IX^* livre (37-40) carac- térise bien forlcmeiit cctle seconde conception si étrangement mêlée aujourd'hui à la première :

yio\ oà ûtavôiya $(uît£ Kp'vou naî; ayxuXoixTÎTeoj' axTÎTTC^ow (xc'v TOI B(uy.6 Tgii'x^aOai izifi ::avT(uv aXxTjv ô' ojtoi ooixev, o le xcàio; et:j (leyiaTOv.

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