Aller au contenu

Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t1.djvu/478

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

428 CHAPITRE IX. — LA POESIE CYCLIQUE

aux grands poèmes dans lesquels une manière en- tièrement nouvelle venait de prévaloir. D'un côté, une action riche et variée, ferlile en incidents, en descriptions, en scènes émouvantes, des discours, des entretiens, de l'éloquence, en un mot le spec- tacle même de la vie; de l'autre, unesini|)le énumé- ration d'événements qui désormais semblait pauvre et insignifiante. C'étaient deux genres de poésie différents et inconciliables, la poésie de Tenfancc, naïve, timide, superficielle, et celle de la jeunesse, ardente, vigoureuse, pleine d'idées et de passions.

L'œuvre des poètes cycliques s'explique tout en- tière par ce simple contraste. Pendant deux cents ans environ, depuis le milieu du huitième siècle jusqu'au commencement du sixième, des hommes de talent, épris de la poésie épique, travaillèrent à rac- corder ces vieux chants, tombés dans le discrédit, avec les poèmes brillants et grandioses de l'âge homérique. Ils s'efforcèrent de rendre autant que possible aux diverses parties des légendes leurs proportions primitives. Ils voulurent, pour ainsi dire, ramener les récils de Y Iliade et de \ Odyssée à leur rang de simples épisodes dans un grand en- semble ; et pour cela, reprenant à la manière nou- velle les principaux événcmcnis, antérieurs ou pos- térieurs à Taolion de ces deux poèmes, ils se mirent à les traiter avec d'amples dcveloppcmenis, de façon à leur rendre Timporlancc relative qu'ils avaient perdue.

Une telle tentative était sans doute fort naturelle. En ce temps, où la poésie é|)i([ue était l'histoire même, il n'y avait aucune raison pour sacrifier cer- tains grands événements. I.a Grèce, de plus en plus curieuse de savoir et de mettre en ordie ses connais- sances, voulait embrasser d'un coup d'aûl tout son

�� �