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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t1.djvu/498

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448 CHAPITRE IX. — LA POÉSIE CYCLIQUE

donnât de vaillants auxiliaires. On se laissa persuader, on accorda ce qu'ils demandaient ; en vain Zeus détournait les Mycéniens de cette entreprise par des signes funestes. Quand Tarmée fut partie et qu'elle eut fait déjà beaucoup de chemin, elle parvint aux rives de TAsopos, bordées de joncs épais et couvertes de gazon ; là, les Achéens s'entendirent pour charger Tydée de porter des propositions. Il alla donc et trouva les Cadméens réunis en nombre pour un festin dans la demeure d'Etéocle. Tout étranger qu'il était, le vaillant cavalier Tydée n'eut aucun effroi, seul au milieu de cette multitude de Cad- méens. Il les provoqua à des combats simulés, et il les vain- quit tous sans aucune peine : tant il était assisté par Athéné. Pleins de colère, les Cadméens, ardents cavaliers, allèrent lui dresser une embuscade, comme il retournait vers les siens ; cinquante jeunes gens l'attendirent, et ils avaient deux chefs, Méon l'Hémonide semblable aux Immortels, et le fils d'Au- tophonos, le belliqueux Polyphontès. Mais Tydée fit tomber sur eux la mort affreuse, il les tua tous, sauf un, qu il laissa rentrer dans sa maison. »

Tous ces détails précis dénotent une légende déjà popularisée par des chants épiques \ Est-ce à dire toutefois que le poème lui-méinc existât dès ce temps, sous sa forme complète et définitive? On peut en douter, car il est dit dans VOdyssée (XV, 244 et suiv.) que le devin Amphiaraos mourut sous les murs de Thèbcs; or la tradition recueillie dans la Thébaïde était différente et plus merveilleuse; le devin, englouti sous la terre avec son char, conti- nuait à y vivre glorieusement en rendant des oracles. Cela ferait croire que la Thébaïde ne fut achevée et constituée en poème qu'après VOdyssée^. Une tradi-

1. Notez aussi le grand rôle deTirésias au XI« livre de Y Odyssée. Tirésias est le devin tliébain par excellence : il devait être déjà populaire, quand ce XI« livre fut composé.

2. Welcker, Cyclus, t. II, pass. cité.

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