Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t1.djvu/499

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tion antique* rapportait qu’Homère l’avait composée à Néonlichos en Eolide. Sans doute la Thébaïde comme V Iliade eut pour point de départ des chants éoliens, mais, comme elle aussi, elle ne devint réellement une grande œuvre poétique qu’entre les mains des aèdes ioniens, peut-être des Homérides. Le sujet du poème était l’expédition funeste que le roi d’Argos, Adraste, excité par ses gendres Polynice et Tydée, conduisit contre le roi de Thèbes, Etéocle. Les deux principaux personnages, Amphiaraos, le sage devin, et Adraste, le fougeux et imprévoyant auteur de la guerre, étaient opposés l’un à l’autre par un contraste frappant, qui devait rappeler à quelques égards celui d’Agamemnon et d’Achille dans V Iliade^, Amphiaraos, sans être le chef de l’expédition, tenait néanmoins le premier- rang dans le poème, comme Achille ; c’est ce qu’indique le titre secondaire d^Expédition d’ Amphiaraos qui lui fut donné. Les phases dramatiques du récit étaient le rassemblement des combattants, mentionné dans le passage de V Iliade qui vient d’être cité, l’institution des jeux Néméens, l’ambassade de Tydée, l’assaut donné aux murs et la mort de Capanée, le combat singulier des deux fils d’Œdipe, la défaite et le massacre des Argiens auprès du fleuve Isménos, la disparition d’ Amphiaraos, la fuite d’Adraste sauvé par la rapidité merveilleuse de son cheval Arion. De tout cela, il ne nous reste aujourd’hui que deux fragments du début, où sont rapportées les malédictions d’Œdipe contre ses fils^. L’épopée grecque n’a pas subi de perte plus considérable que celle-là.

1. Vie d’Homère attribuée à Hérodote, § 9.

2. Welcker, Cjclus, t. II, p. 320 et suiv.

3. Cycli reliquiae, Didot, p. 587.