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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t5.djvu/1080

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CHAP. VIII. — LA FIN DE L’HELLÉNISME

titulée aussi Ἑλληνιϰῶν θεραπευτιϰὴ παθημάτων (Hellênikôn therapeutikê pathêmatôn), qui comprend douze livres et semble avoir été composée dans les premières années de son épiscopat. L’auteur y compare les vues des écoles grecques et celles du christianisme sur les principales questions de la philosophie. Si l’on en considère le fond, cela n’est pas très original ; l’auteur n’a pas de vues personnelles ; il emprunte largement à ses devanciers, en particulier aux Stromates de Clément d’Alexandrie et à la Préparation évangélique d’Eusèbe. Mais il sait dégager et poser les questions, embrasser des ensembles, composer des développements bien faits. De plus, il écrit clairement et sobrement, non sans un certain agrément. On peut en rapprocher les dix Discours sur la Providence, composés vers 432, qui forment comme un traité en dix chapitres sur un des points essentiels de la philosophie religieuse. Dans ces deux séries d’œuvres, Théodoret procède de l’hellénisme qu’il combat ; il y tient, quoi qu’il fasse, par ses idées, par sa méthode, par son talent même d’exposition.

Son œuvre d’exégète est bien plus considérable ; elle est aussi, par sa nature même, plus spéciale ; mais elle présente les mêmes caractères. Photius, qui cite quelques-uns des commentaires de Théodoret sur diverses parties de l’Écriture, les met au-dessus de tous les autres[1]. Il en loue la solidité, la pénétration, et en même temps la clarté, l’ordre, la sobriété, la forme simple, élégante sans affectation, éminemment appropriée à l’exégèse. Ces éloges ne semblent pas immérités. Théodoret a hérité des meilleures habitudes de l’école d’Antioche. Il tient d’elle la prudence, le goût des explications solides, le mépris des fantaisies allégoriques. C’est son mérite ; mais ce mérite renferme en lui-même sa

  1. Cod. 203, 204, 205. Voir en particulier cod. 203, l’appréciation du commentaire sur Daniel : ἐστι δὲ τὴν φράσιν, εἴ τις ἄλλος, ἐρμηνείαις (esti de tên phrasin, ei tis allos, ermêneiais).