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CHAPITRE III. — RHÉTORIQUE, HISTOIRE, ETC.

Aristarque fut le plus célèbre des disciples d’Aristophane de Byzance et son successeur comme bibliothécaire[1]. Né à Samothrace vers 215, il vint, comme tant d’autres, à Alexandrie, où Ptolémée Philométor (181-146) lui confia l’éducation de ses enfants. À la mort d’Aristophane de Byzance (vers 180), il fut nommé bibliothécaire. Il mourut à soixante-douze ans (vers 143). — Comme Aristophane de Byzance, il avait défendu, en grammaire, la théorie de l’analogie. Mais son activité se porta de préférence vers la publication et le commentaire des poètes classiques. On lui devait des éditions d’Homère, d’Hésiode, d’Alcée, de Pindare, de certaines parties d’Eschyle, et d’innombrables commentaires exégétiques (huit cents, selon Suidas) qui touchaient à presque toute la poésie classique.

Le nom d’Aristarque éveille aussitôt l’idée d’un goût sûr, fondé sur une science profonde de la langue grecque. Son principal titre de gloire était dans ses deux éditions d’Homère et dans les commentaires dont il les accompagna. Les scholies du manuscrit de Venise nous ont transmis de nombreux vestiges de sa doctrine, que nous pouvons encore apprécier dans une certaine mesure. Il semble bien qu’en effet il ait eu à peu près toute la science grammaticale et toute la sûreté de goût qu’on pouvait avoir de son temps. Il comprend qu’il ne faut chercher dans Homère ni arrière-pensées ni symboles, comme fai-

  1. Notice de Suidas. Cf. Egger, Mémoires de littér. anc., p. 126-163 ; Lehrs, De Aristarchi Studiis Homericis, Leipzig, 1865 (2e éd.), et Ludwig, Aristarchs Homerische Text·Kritik, Leipzig, 2 vol., 1884 et 1885 (travail confus, mais plein de choses, où l’on trouve notamment tout ce que Didyme nous a transmis des commentaires d’Aristarque sur Homère). — A. Pierron, dans l’Introduction de son édition de l’Iliade, consacre à Aristarque quelques pages instructives, mais où l’admiration n’est pas assez critique. V. aussi Wilamowitz, Euripides Herakles (1ère éd.), p. 138 et suiv., et P. Cauer, Grundfragen der Homer Kritik, Leipzig, 1895, p. 11-35.