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CHAPITRE IV. — LA POÉSIE ALEXANDRINE

aussi peut-être d’Asclépiade[1], et dont il nous reste une douzaine d’épigrammes[2].

II

Le raffinement des beaux-esprits a souvent pour contrepartie dans la littérature, aux époques qui précèdent ou qui suivent les âges d’équilibre classique, un développement soudain du burlesque, de la parodie, de la grossièreté, ou tout au moins du réalisme. C’est ce qui se produit au début de la période alexandrine : des genres nouveaux apparaissent pour répondre à ce besoin. Nous avons déjà parlé des Silles de Timon et des poèmes de Ménippe[3], qui sont, malgré leur inspiration plus ou moins philosophique, des produits de cette veine. Il y en a beaucoup d’autres, d’origines et de formes différentes : ce sont d’abord toutes les variétés de la satire personnelle, violente et obscène ; puis celles de la parodie littéraire ; enfin les représentations enjouées de la vie familière.


La satire grossière et obscène a pour représentant principal Sotadès, né à Maronée, en Crète, et qui vécut sous les premiers Ptolémées[4]. Ce genre de poésie avait son origine en Ionie, où deux poètes, d’ailleurs inconnus, Simos et Lysis, avaient déjà donné l’exemple de certaines compositions lyriques, très licencieuses, qui lui servirent de modèle[5]. Sotadès garda le rythme de ses

  1. Méléagre le nomme à côté de Posidippe dans le vers signalé plus haut.
  2. Dans Jacobs, t. i, p. 233-236. Cf. Ouvré, op. cit.
  3. Cf. ch. ii, p. 48.
  4. Suidas, Σωτάδης ; Athénée, XIV, p. 620, F.
  5. Strabon, p. 648.