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CHAPITRE IV. — LA POÉSIE ALEXANDRINE

Le fragment III est du même ton. Le poète raconte que Cypris l’a chargé de faire l’éducation d’Éros enfant : naïf bouvier, il a enseigné à l’Amour les inventions de Pan, d’Athéné, d’Hermès ; mais l’Amour lui a enseigné à son tour les tendres soucis des hommes et des dieux, si bien qu’il a lui-même oublié ses propres enseignements et retenu seulement ceux de son élève.


Moschos, né à Syracuse, fut l’élève d’Aristarque[1]. Il composa probablement quelques écrits en prose sur des sujets de philologie[2]. Les huit poèmes ou fragments que nous avons sous son nom sont des imitations de Théocrite et de Bion, mais non des « bucoliques » proprement dites. Nous avons dit plus haut qu’il pouvait être l’auteur du Chant funèbre en l’honneur de Bion : c’est un nouveau rajeunissement des thrènes antérieurs sur Daphnis et sur Adonis, avec plus d’esprit d’ailleurs que d’émotion ; le poète n’a vu là qu’un joli thème littéraire à développer. Lui-même s’y présente à nous comme un poète bucolique[3]. La petite pièce sur l’Amour fugitif est spirituelle, dans le goût des Alexandrins et de Bion[4]. D’autres fragments, plus courts, n’ont rien qui mérite une attention particulière. Restent deux poèmes analogues aux petites épopées de Théocrite, Europe (162 vers) et Mégara (125 vers). Ce dernier, à vrai dire, paraît extrait d’un poème plus long : c’est une conversation verbeuse, mais assez touchante parfois, entre Mégara, la femme d’Héraclès, et Alcmène ; Mégara se lamente sur la folie d’Héraclès, et Alcmène fait écho à ses plaintes, non sans noblesse. La plupart des derniers éditeurs

  1. Suidas, Μόσχος.
  2. Cf. Athénée, XI, p. 485, E (ἐξηγήσεις Ῥοδιακῶν λέξεων).
  3. v. 101-102.
  4. La XIXe Idylle du recueil de Théocrite est du même genre ; on l’attribue souvent à Moschos.