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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t5.djvu/355

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CARACTÈRES DU PREMIER SIECLE

qu’une très petite part dans ce mouvement. Affreusement dévastée par les guerres de Mithridate, puis par les guerres civiles, elle végète alors pauvrement et se refait par de longs efforts. Ce n’est que dans la période suivante qu’elle recommencera à jouir de quelque prospérité[1]. Au contraire, Alexandrie, très riche et très brillante, bien qu’elle ait cessé d’être la capitale d’un royaume indépendant, demeure la plus grande ville du monde après Rome ; avec son Musée, ses écoles de grammaire, ses bibliothèques, et aussi son importante communauté de juifs hellénisants, elle entretient un actif mouvement d’idées et d’études. Son rôle propre sera de fondre ensemble l’hellénisme et le judaïsme, et déjà elle y travaille activement avec Philon. À côté d’elle, la Judée, sous les Hérode, s’ouvre aux influences grecques, et, si le peuple en masse y reste hostile, la cour de Jérusalem du moins devient un foyer d’hellénisme : nous y trouverons l’historien Nicolas de Damas. Moins heureuses, les provinces grecques de Syrie et d’Asie Mineure, fort appauvries aussi par les guerres, semblent avoir perdu pour quelque temps leur vie propre. C’est seulement vers la fin du ier siècle, sous les Flaviens, que les écoles de Smyrne, d’Éphèse, de Pergame recommenceront à sortir de leur obscurité. Celles de Syrie ne grandiront qu’à partir du second ou du troisième siècle. Pour le moment, ces provinces se contentent d’envoyer à Rome ce qu’elles produisent d’hommes actifs, intelligents et ambitieux.

Rome est en effet devenue, par le fait de l’établissement de l’Empire, une ville unique, qui attire tout à elle et dont l’influence se fait sentir partout. C’est à Rome que la littérature grecque va, pour ainsi dire, se

  1. Voyez Hertzberg, Hist. de la Grèce sous la domination romaine, traduction Bouché-Leclercq, t. I.