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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t5.djvu/373

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LA RHÉTORIQUE AU PREMIER SIÈCLE

Lupus[1]. L’original est perdu, mais l’abrégé nous reste[2] ; il suffit à nous montrer que Gorgias était un Attique décidé et qu’il faisait étudier l’art de la parole d’après les œuvres des grands orateurs du ive siècle.

Plus célèbres que lui furent les deux rhéteurs Apollodore de Pergame et Théodore de Gadara, qui fondèrent les deux écoles rivales des Apollodoréens et des Théodoréens[3]. Apollodore donnait des leçons au jeune Octave à Apollonie d’Épire, en 44, lorsque celui-ci fut rappelé à Rome par le meurtre de César. Théodore, notablement plus jeune, enseignait encore à Rhodes, quarante ans plus tard, au temps où Tibère, irrité contre Auguste, s’y retira dans une sorte d’exil volontaire. Apollodore, d’après Quintilien, avait écrit un Traité de Rhétorique, dédié à Matius ; ses préceptes furent exposés en grec, sans doute sous une forme plus développée, par Atticus. Les œuvres de Théodore étaient plus nombreuses[4]. La plus intéressante à noter ici est son livre perdu Sur la puissance de l’orateur. Son principal disciple fut un certain Hermagoras, que quelques contemporains de Quintilien avaient encore pu connaitre[5], et qui ne doit pas être confondu avec le premier Hermagoras, dont il a été question plus haut.

Les discussions des Apollodoréens et des Théodoréens ont rempli et passionné les écoles de rhétorique grecque pendant tout le premier siècle de notre ère et au delà. Bien qu’il soit impossible aujourd’hui de formuler avec une précision absolue les doctrines des deux sectes rivales, il apparaît assez clairement que le différend portait

  1. Quintil., IX, 2.
  2. Rutilii Lupi Schemata lexeos dans les Rhet. lat. minores de C. Halm, 1863.
  3. Quintil. III, 4, 19. Sur Apollodore, voy. ci-dessus, p. 313.
  4. Suidas, Θεόδωρος Γαδαρεύς.
  5. Quintil., pass. cité.