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DENYS D’HALICARNASSE

il s’y exprime montre assez que, peu à peu, il s’était attaché de cœur à sa nouvelle patrie[1]. La vie semble en effet lui avoir été agréable dans le milieu où il avait été transporté. Très laborieux, il trouvait à Rome des ressources abondantes el précieuses pour composer la grande histoire qui fut son œuvre de prédilection. En outre, il s’y était fait une société selon ses goûts : un certain nombre de Grecs savants et lettrés, maîtres de rhétorique ou simples amateurs, Cécilius, qu’il appelle son « très cher ami »[2], Zénon, qui peut-être le mit e n relations avec Cn. Pompée[3], Démétrius, à qui est dédié son Traité de l’imitation[4], Ammacos surtout, probablement son premier protecteur, esprit ouvert et curieux ; qui s’intéressait à toutes les questions littéraires[5] ; puis, quelques Romains de moyenne condition, tels que Cn. Pompée, sans doute un affranchi lettré sorti de la maison du grand Pompée ; enfin, plusieurs membres de l’aristocratie, Rufus Melitius, dont le jeune fils fut son élève, Q. Aelius Tubero, l’historien, d’autres encore. Rien ne prouve que Denys ait tenu école de grammaire ou de rhétorique, à proprement parler : les seules allusions de ses écrits qui pourraient le faire croire semblent se rapporter plutôt à un enseignement privé ; c’est ainsi qu’il donnait au jeune Rufus Melitius des leçons quotidiennes de littérature, lisant et étudiant avec lui les grands écrivains grecs, poètes ou prosateurs[6].

  1. Ibid. Notez les mots : Χαριστηρίους ἀμοιδὰς… ἀποδοῦναι τῇ πόλει. παιδείας τε μεμνημένῳ καὶ τῶν ἄλλων ἀγαθῶν ὅσων ἀπέλαυσα διατρίβων ἐν αὐτῇ.
  2. Lettre à Cn. Pompée, 3.
  3. Ibid., 1.
  4. Ibid., 3.
  5. C’est à Ammaeos qu’est dédié le Traité des anciens orateurs, probablement le plus ancien ouvrage de Denys que nous possédions.
  6. Arrangement des mots, 20. Le jeune Rufus était alors un enfant, ibid., c. 1.