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CHAPITRE II. — D’AUGUSTE À DOMITIEN

nête professeur de rhétorique, homme simple et pieux, dont toute la philosophie consiste en une croyance banale à une providence sans desseins, qui châtie ou qui récompense de temps en temps, mais qui ne conduit rien. Ses préférences politiques, s’il en a, sont discrètes. Il aime une aristocratie sage, une démocratie tempérée, une liberté qui se modère, une autorité qui se contient, comme il aime le bon goût en littérature ; ce qui revient à dire qu’il n’aime rien fortement. Il n’y a ni passion dans son cœur, ni saveur dans son récit[1].

V

Ami de Denys et appartenant à la même société, Cécilius aurait mérité sans doute, lui aussi, d’être distingué par la postérité entre les critiques du temps d’Auguste, si ses œuvres étaient parvenues jusqu’à nous[2].

Tout ce que nous savons de sa vie, c’est qu’il naquit à Calé-Acté en Sicile, peut-être de parents juifs et esclaves ; qu’il s’appela d’abord Archagathos ; qu’il vint ensuite à Rome, qu’il y professa la rhétorique grecque sous Auguste, et qu’il fut lié d’amitié avec Denys[3]. Si incomplets que soient ces renseignements, ils nous permettent au moins de replacer Cécilius dans son milieu, puisqu’ils nous le représentent comme un membre actif de la petite société littéraire que nous avons décrite plus haut. D’ailleurs, nul plus que lui ne manifesta le tour

  1. Chez les Byzantins, toutefois, l’Hist. romaine de Denys ne semble pas avoir eu moins de réputation que ses écrits de critique littéraire. Voir la notice anonyme jointe à plusieurs mss d’Appien : τὴν τῶν Ἰταλικῶν διήγησιν ἡ τοῦ Ἁλικαρνασσέως Διονυσίου Ρωμαϊκὴ Ἀρχαιολογία πασῶν ἐστὶν ἱστοριῶν ἀξιολογωτέρα (Appien, Tauchnitz, t. IV, p. 235).
  2. Sur Cécilius et ce que nous savons de ses œuvres, voir Frag. Hist. Græc., (Didot-Müller), t. III, p. 330-333.
  3. Suidas, Καικίλιος. Denys, Lettre à Pompée, ch. iii.