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CHAP. III. — RENAISSANCE AU IIe SIÈCLE

nous avons senti la foi survivante de l’hellénisme en lui-même, son désir de se produire de nouveau au dehors dans des œuvres dignes de lui. Ses efforts devaient aboutir à une sorte de renaissance, un peu artificielle sans doute, mais non dénuée d’un certain éclat. Elle se manifeste en effet, à partir de la fin du premier siècle, déjà sous les Flaviens, et surtout après l’avénement de Nerva.

La Grèce s’est habituée alors à sa nouvelle condition. Dans l’unité de l’empire, qui absorbe le monde entier, elle ne se sent plus humiliée de sa sujétion. Elle goûte le plaisir d’être admirée de ses maîtres, elle se complaît dans ses fonctions d’enseignement, elle joue avec satisfaction son rôle propre, qui est de représenter les traditions de l’art, de la science, de la pensée. Les grandes ambitions ne sont plus de saison, il est vrai, ni par conséquent les fortes créations littéraires. Mais, au milieu d’une société paisible, sous un gouvernement équitable et modéré, celui des Trajan, des Adrien, des Antonin, des Marc-Aurèle, on va se remettre à vivre d’une vie tranquille, élégante, heureuse en somme ; les relations sociales seront agréables et variées, le bien-être suffisant ; point de préoccupations vives, point de terreur accablante ; rien de ce qui déprime ou de ce qui étouffe. Les occupations de l’esprit vont pouvoir s’épanouir librement. Qui veut écrire ou parler à des lecteurs et des auditeurs assurés. Écoles, salles de conférences, cercles d’amis, lieux de réunion, partout des échos pour la parole grecque, qui de nouveau ne demande qu’à être entendue. On va et vient à travers ce grand empire paisible. Les voyages y sont faciles, les grandes villes ont repris leur beauté, des monuments nouveaux s’élèvent pour les parer plus richement, les idées et les hommes circulent, le mouvement est partout. Mouvement qui ne mène à rien d’important, puisqu’on n’a