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CHAP. III. — RENAISSANCE AU IIe SIÈCLE

charges de la cité et comblé d’honneurs[1]. Dans ce milieu, le jeune Dion dut grandir avec la pensée de jouer un rôle dans le monde par la parole, et il n’est pas douteux qu’il s’y prépara de son mieux. Doué d’une éloquence naturelle, que l’éducation eut bientôt développée, il obtint de grands succès oratoires dans toute la première partie de sa vie, qui nous est à peine connue, c’est-à-dire sous les règnes de Vespasien, de Titus, et pendant les premières années de Domitien. Sans doute, sa réputation avait dû se faire d’abord en Bithynie, dès la fin du règne de Néron ; mais, comme tous les maîtres d’éloquence du temps, lorsqu’il se sentit sûr de lui, il alla chercher la renommée de ville en ville. Nous le voyons à Rhodes[2], à Ilium novum[3] ; lui-même atteste qu’il est allé en Égypte[4]. Nous pouvons donc être sûrs qu’il voyagea beaucoup en ce temps, et il est certain qu’il fit alors un assez long séjour à Rome. Dans l’intervalle de ses voyages, il revenait dans sa ville natale et y apportait l’éclat grandissant de sa renommée[5]. Il eut alors des disciples, parmi lesquels le plus illustre fut le gaulois Favorinus, dont nous parlerons plus loin.

C’est vers ce temps, probablement sous Vespasien ou Titus, qu’il se maria et perdit son père. Le soin de ses affaires à régler et ses nouvelles affections de famille

  1. Or. 44 et 46.
  2. Or. 31. Ce discours est certainement antérieur à son exil. Il y est encore orateur, et non philosophe ; il ne parle ni de son âge, ni de ses épreuves ; il fait allusion au règne de Néron, comme tout récent (ἔγγιστα ἐφ' ἡμῶν) ; il ne connaît pas encore l’Égypte, car il parle de la statue de Memnon par ouï-dire.
  3. Or. 11. Discours manifestement antérieur à l’exil, mais postérieur à un voyage d’Égypte auquel il fait allusion.
  4. Or. 11. Voir la note ci-dessus.
  5. Or. 42. Cet exorde appartient aussi au temps où Dion n’est pas encore philosophe. Est-ce alors qu’il reçut le surnom de Chrysostome ? Photius, 209 : Χρυσόστομον αὐτὸν οἱ λόγοι τῇ ϰατ’ αὐτὸν γενεᾷ δεδώϰασιν ἐπονομάζειν.