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CHAP. III. — RENAISSANCE AU IIe SIÈCLE

IV

Immédiatement au dessous des hommes de génie, Plutarque, presque aussi populaire que les plus célèbres d’entre eux, est supérieur aux simples écrivains de talent par quelque chose qui vient de l’âme. Grâce à un ensemble de qualités que nous devons essayer d’analyser, il a, pour ainsi dire, résumé dans son œuvre l’image complète de l’antiquité hellénique, au moment où celle-ci touchait à sa fin : et il lui a prêté une forme simple, attrayante, éminemment propre à la faire connaitre et aimer. Il est donc, pour la postérité, un des représentants accrédités de l’hellénisme, d’un hellénisme un peu dilué peut-être, mais élargi, vraiment universel et humain ; et voilà pourquoi il convient de le mettre ici au centre de ce chapitre, où nous étudions justement cet épanouissement final des vieilles traditions grecques dans la grande lumière de l’empire romain.

Né au cœur de la Grèce propre[1], à Chéronée en Béotie, entre les années 45 et 50 de notre ère, Plutarque grandit au milieu des souvenirs nationaux, près de Delphes, près des champs de bataille les plus célèbres dans les annales de son pays (Platées, Chéronée, Haliarte, Coronée, les Thermopyles, etc.) ; près de Thèbes, alors ruinée, mais qui lui rappelait toujours Pindare et Épaminondas ; non loin de Thespies, où l’on adorait Éros, d’Orchomène où avaient régné les Charites, et d’Ascra où

  1. Sur Plutarque, notice insignifiante et inexacte de Suidas, Πλούταρχος Χαιρωνεύς. Les meilleurs renseignements nous sont fournis par Plutarque lui-même, qui a souvent parlé, dans ses divers écrits, de son pays, de sa famille, des circonstances de sa vie et de ses relations. Voir l’index du Plutarque de la Biblioth. Didot, aux mots Plutarchus, Nicarchus, Lamprias, etc. Consulter surtout R. Volkmann, Leben, Schriften und Philosophie des Plutarch von Cheronea, Berlin, 1873 et Gréard, De la morale de Plutarque, Paris, 1866.