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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t5.djvu/560

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CHAP. III. — RENAISSANCE AU IIe SIÈCLE

d’Ænésidème. Favorinus s’y montrait fidèle à la doctrine sceptique d’Arcésilas. Il énumérait toutes les raisons de douter que le scepticisme avait peu à peu amassées, pour conclure enfin que la vraie sagesse consistait à suspendre son jugement[1].

Si incomplète que soit notre connaissance de ce personnage curieux, elle a sa valeur pour achever l’idée que nous avons à nous faire de la société de ce temps. Nul ne laisse mieux voir que lui ce qu’il y avait au fond d’artificiel et de vain dans la renaissance de l’hellénisme que nous étudions en ce moment. La fausse science, la frivolité, l’abus des souvenirs, la virtuosité frivole y apparaissaient bien vite, derrière tout ce qui se faisait admirer. Philosophie à la surface, vanité au fond. Quelques natures d’élite, sérieusement occupées des questions morales, mais d’ailleurs dénuées de méthodes scientifiques ; et, autour d’elles, une foule sans direction d’idées, sans goût de recherches, sans volonté sérieuse, se laissant amuser, écoutant indifféremment les moralistes et les beaux parleurs, en un mot faite pour remplir les auditoires des rhéteurs à la mode. Voyons à présent comment la sophistique se développait alors sur ce terrain si bien approprié.


  1. Voir, sur le scepticisme de Favorinus, Zeller (Phil. der Gr., t. V, p. 66 et suiv. (3e édition).