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CHAP. V. — HELLÉNISME ET CHRISTIANISME

Sa langue est celle qu’il avait apprise dans les livres, un composé de tout ce que les écrivains classiques avaient autorisé. Visiblement, il a beaucoup pratiqué Hérodote, Thucydide, Xénophon, et il écrit sous l’influence d’une sorte de réminiscence perpétuelle, sans qu’on puisse dire quel est celui de ses modèles auquel il s’attache le plus. Il use avec aisance d’une diction attique pure et correcte (sauf la petite part nécessaire des inadvertances), et il en tire bon parti. Entre tous les écrivains du temps, — si l’on met à part Lucien, dont l’originalité est tout autre, — il est un des meilleurs incontestablement, et il en a conscience[1]. Mais cela revient à dire simplement, qu’entre des imitateurs plus ou moins adroits, il est peut-être celui qui a eu le plus de goût, le plus de naturel et le plus de sincérité.


Appien est tout à fait, par l’âge, un contemporain d’Arrien : né, comme lui, dans les dernières années du premier siècle, il était déjà un homme âgé avant la fin du règne d’Antonin (mort en 161). Toutefois, par sa réputation d’écrivain, il lui est un peu postérieur ; car il ne composa probablement son histoire qu’à la fin du règne d’Antonin, ou même sous Marc-Aurèle. Ce que nous savons de sa vie se réduit à bien peu de chose[2]. Il était d’Alexandrie, et ce fut là que, sous Trajan et Adrien probablement, il se fit une situation importante au barreau[3]. Plus tard, sans que nous puissions suivre en détail toute sa carrière, nous le trouvons

  1. Voyez la phrase, très fière, qui termine la préface de l’Expédition d’Alexandre. Cf. Photius, cod. 92 fin.
  2. Photius, cod. 57. La notice de Suidas (Ἀππιανός) ne contient qu’une analyse très incomplète de l’Hist. romaine, sans détails biographiques. Les seuls que nous possédions proviennent de la Préface d’Appien lui-même, ch. xv, et des Lettres de Fronton, citées plus loin. Consulter Pauly-Wissowa, Appianus.
  3. Photius, cod. lvii. Ἤκμαδε δὲ ἐν τοῖς χρόνοις Τραϊανοῦ καὶ Ἀδριανοῦ.