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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t5.djvu/706

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CHAP. V. — HELLÉNISME ET CHRISTIANISME

(Θαυμασίων συναγωγή)[1] ; étrange collection d’inepties ramassées un peu partout : l’auteur s’y fait juger par le soin qu’il prend d’assigner une date précise à chacune des énormités qu’il rapporte. Enfin, on lui attribue encore un petit opuscule intitulé De ceux qui ont vécu longtemps (Περὶ Μακροβίων), qui, sous sa forme actuelle, n’est qu’une liste de noms répartis en catégories[2].

Le goût, très répandu alors, de savoir beaucoup de choses médiocrement utiles était la principale raison d’être de tels écrits. On comprend combien ce goût se prêtait à être exploité par des gens hardis et sans scrupules, capables de tout pour se faire une réputation de savants. Sous Trajan et Adrien, parut justement un de ces charlatans d’érudition dont le nom eut quelque éclat. Ptolémée, dit Chemnos, d’Alexandrie, fils d’Héphestion, eut pour métier de fabriquer toute sorte d’articles de littérature prétendue savante, soit en prose, soit en vers[3]. Suidas cite de lui, entre autres ouvrages, un drame historique intitulé le Sphinx, un poème épique en vingt-quatre chants, l’Anthomère (Ἀνθόμηρος), un écrit Sur l’histoire paradoxale (Περὶ παραδόξου ἱστορία), toutes œuvres perdues et sans doute peu regrettables. La seule que nous connaissions, grâce à un résumé détaillé de Photius[4], c’est celle qu’il avait intitulée Histoire nouvelle pour s’instruire sur beaucoup de choses (Ἡ εἰς πολυμαθίαν κοινὴ ἱστορία), en sept livres. On pouvait, dit Photius, y apprendre en peu de temps quantité de choses curieuses, dispersées un peu partout, qui auraient demandé toute une vie de labeur à qui eût voulu les recueillir par lui-même. Ces choses curieuses, rela-

  1. Publié également dans les Frag. Hist. græc., à la suite des Olympiades. Diels (Sibyllinische Blütter, Berlin, 1890) y a retrouvé 10 vers (ch. x), qui semblent être des oracles sibyllins.
  2. Ibidem.
  3. Suidas, Πτολεμαῖος Ἀλεξανδρεύς.
  4. Photius, cod. 490.