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NOUMÉNIOS, MARC-AURÈLE

Bien (Περὶ τἀγαθοῦ)[1]. Dans ces écrits, et peut-être dans d’autres que nous ne connaissons plus, il s’attachait à établir que la vraie doctrine de Platon était identique à celle de Pythagore, et que celle-ci à son tour ne se distinguait pas de celle des sages de l’Orient, Brahmanes, Mages, Égyptiens et Juifs. Il avait en particulier la plus vive admiration pour Moïse, en qui il trouvait toutes les idées de Platon : si bien qu’il ne craignait pas d’appeler ce philosophe « un Moïse parlant attique » (Μωυσῆς ἀττικίζων)[2]. La tendance vraiment néoplatonicienne de Nouménios consistait à distinguer, d’abord un dieu suprême, simple, immuable, sans relation avec la matière, puis un second dieu, participant à la divinité du premier, mais inférieur, intermédiaire entre lui et la matière, et enfin un troisième, qui était le monde[3]. Il ne lui a manqué que de développer ce système dans ses détails pour faire d’avance l’œuvre de Plotin.

Mais aucun de ces philosophes ne présente, au point de vue littéraire, un intérêt comparable à celui qu’excite Marc-Aurèle. Car, entre tous, il est le seul qui ait écrit un livre où se révèle un homme.

La vie de Marc-Aurèle appartient à l’histoire politique[4]. Nous n’en rappellerons ici que les dates principales. Né en 121, à Rome, d’une illustre et ancienne

  1. Ces titres nous sont donnés par Eusèbe (Prépar. évangél. XIV, 4, 13, et IX, 7 et 8, 4), qui nous a conservé dans ces passages d’importants fragments de Nouménios.
  2. Clément, Strom., I, 22, 150 : Τί γὰρ ἐστι Πλάτων ἢ Μωυσῆς ἀττιαίζων.
  3. Zeller, Phil. d. Griech., V2, p. 216 et suiv.
  4. Sources principales : son livre Εἰς ἑαυτόν ; ses Lettres ; Dion Cassius, abrégé et fragments du l. LXXI ; Hérodien, Τῆς μετὰ Μάρκου βασιλείας ἱστοριῶν I, 24 : Jul. Capitolinus, Vita Marci Antonini Philosophi ; Suidas, Μάκρος. — La vie de M. Aurèle est étudiée en détail, avec renvoi aux sources et indications bibliographiques, dans Pauly-Wissowa, art. M. Annius Verus (t. I, p. 2279). L’ouvrage d’ensemble le plus célèbre sur Marc-Aurèle est le volume de Renan, Marc-Aurèle et la fin du monde antique, Paris, 1883.