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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t5.djvu/760

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CHAP. V. — HELLÉNISME ET CHRISTIANISME

livres, qu’on désigne communément sous le titre de Adversus hæreses et qui paraît avoir été intitulé Ἔλεγχος καὶ ἀντροπὴ τῆς ψευδωνύμου γνώσεως, Réfutation et renversement de la prétendue gnose[1]. L’original grec est perdu, sauf les passages cités par les écrivains ecclésiastiques. Nous ne le connaissons plus que par une traduction latine, presque contemporaine du texte, qu’elle suit servilement, au point de n’être quelquefois intelligible qu’à la condition de restituer par conjecture les mots primitifs[2]. On conçoit que, sous cette forme, il soit impossible de l’apprécier comme œuvre de littérature grecque[3]. Du reste, malgré sa culture hellénique prouvée par de nombreuses citations des poètes et philosophes grecs, Irénée s’y appuie surtout sur la tradition. Après avoir fait dans le premier livre l’histoire du Gnosticisme depuis Simon le magicien jusqu’à Marcion, il ne le réfute rationnellement que dans le second, pour opposer à l’hérésie, dans les trois derniers livres, les témoignages de l’Ancien et du Nouveau Testament.

Parmi les écrits faussement attribués à Justin, plusieurs semblent appartenir aussi à cet âge de la littérature chrétienne. L’Exhortation aux Gentils (Πρὸς Ἕλληνας, Cohortatio ad Gentiles, en 38 chapitres) et le traité Sur la monarchie divine (Περὶ θεοῦ μοναρχίας) ne peuvent être ni l’un ni l’autre de Justin : car ils n’offrent rien des ca-

  1. Photius, cod. 120.
  2. Édition des Bénédictins (Massuet), Paris, 1716, reproduite dans la Patrol. gr. de Migne, t. VII. La meilleure aujourd’hui est celle de Harvey, Cambridge, 1857, avec les fragments du texte grec et les fragments syriens et arméniens.
  3. Son importance, comme source de l’histoire littéraire chrétienne, est très grande. Car l’auteur a largement emprunté aux écrivains chrétiens antérieurs, notamment à Justin, et aussi à Hégésippe (mort sous Commode), qui, dans cinq livres de titre inconnu, avait, lui aussi, combattu le gnosticisme, mais probablement par des faits et des témoignages plus que par des discussions. Sur Hégésippe, voir Bardenhewer, § 23.