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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t5.djvu/821

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LA POÉSIE DU IIIe SIÈCLE

Divers témoignages nous font entrevoir d’abord une poésie officielle, qui a pour centre Rome, pour sujet l’éloge des empereurs, vivants ou morts, ou encore la célébration des événements qui les touchent. C’est ainsi que la vie de Septime-Sévère, et en particulier son expédition contre les Parthes, avait été racontée en détail dans divers poèmes pseudo-historiques, dont nous ne connaissons même plus les auteurs[1]. Vers le même temps, Gordien, le futur empereur, composait, tout jeune encore, un poème épique en trente livres, intitulé l’Antoniniade, où il retraçait la vie d’Antonin le Pieux et celle de Marc-Aurèle[2]. Le cercle lettre de l’impératrice Julia Domna, dont nous avons parlé, ne goûtait pas moins la poésie que l’éloquence : on a vu que le poème des Cynégétiques, du second Oppien, lui fut dédié. Ce goût se perpétue à travers tout le iiie siècle. L’empereur Gallien, d’après Trebellius Pollion, non seulement favorisait la poésie, mais il la cultivait lui-même ; quand il célébra le mariage de ses neveux, nous dit ce biographe, tous les poètes « grecs et latins » de la cour composèrent des épithalames, et lui-même récita des vers dont il était l’auteur[3].

Le drame semble avoir complètement disparu. C’est vers la fin du iiie siècle, probablement, qu’on a cessé de jouer les tragédies classiques. Philostrate de Lemnos, dans ses Tableaux, remarque encore, à propos de l’Hercule furieux d’Euripide, qu’on peut le voir souvent sur la scène[4]. Mais, cent ans plus tard, Libanios attestera que la tragédie a quitté le théâtre et est désormais confinée dans l’école[5]. C’est donc entre

  1. Hérodien, II, chap. xv, 6.
  2. Capitol., Gordiani, chap. III.
  3. Treb. Pollion, Gallieni, chap. ii, 6.
  4. Tableaux, II, 23. Voy. Haigh, The tragic drama of the Greeks, p. 457.
  5. Liban., Contre Aristide, p. 391 Reiske.